Louis Schweitzer, créateur d’entreprises ! (rires garantis)
Publié le : 2 mai 2014 - Mot Clés : Anne Lauvergeon, ENA, entreprise, Grandes écoles, Louis Gallois, Louis Schweitzer, RenaultDepuis le 3 mai 2011, l’ancien PDG de Renault de 1992 à 2005, Louis Schweitzer préside Initiative France, un réseau associatif de financement des créateurs d’entreprise. Récemment, lors de la première réunion du club des lauréats de la première phase du concours mondial de l’innovation organisée dans les locaux du CGI, Louis Schweitzer a mis les pieds dans le plat, s’élevant contre la tendance des « grands groupes » à syphonner les fonds sans égards pour les PME. Expert, Louis Schweitzer a tenu à rappeler qu’« en ce qui concerne la création d’entreprise, je sais de quoi il s’agit ! »[1]
Euh !!! Pas sûr qu’il soit si calé en création d’entreprises, et même pas sûr du tout. Voyons son parcours sur Wikipédia, fiche biographique qu’il a validé : « À la sortie de l’ENA, promotion « Robespierre » (janvier 1968 – mai 1970), il devient inspecteur des finances et entre à la direction du Budget ». A cette étape, Louis Schweitzer est un premier de la classe, âgé de 22 ans, bien formaté. Il n’a encore rien crée du tout. Selon un rapide calcul, l’homme va s’installer durablement à Bercy ou à ce qui en tient lieu à l’époque, dans un gros bureau, probablement avec une grosse voiture de fonction, un chauffeur, un macaron sur le pare-brise et une secrétaire. Au bout de 11 ans de Bercy, « En 1981, il devient directeur de cabinet de Laurent Fabius, le ministre du Budget du gouvernement Pierre Mauroy. Il le suivra ensuite au ministère de l’Industrie, puis à Matignon. C’est à ce poste qu’il est mêlé à l’affaire des écoutes de l’Élysée et il l’occupe également lors de celle du sang contaminé ». Pendant cinq ans, à nouveau, Louis Schweitzer est donc au chaud, avec un salaire qui tombe chaque mois, que lui verse un ancien collègue de Bercy. L’Etat est son employeur. De l’entreprise, Schweitzer ne connaît donc toujours rigoureusement rien, sinon quelques patrons qu’il croise probablement dans des clubs chics. Il n’a jamais encore vendu un truc lui-même, à un client qu’il a fallu démarcher, puis relancer pour qu’il paye. La suite est-elle plus convaincante ? « Après l’échec de la gauche en 1986, il entre, grâce à Georges Besse, chez Renault, comme directeur de contrôle de gestion, directeur financier, puis directeur général. Il devient président-directeur général du groupe automobile entre 1992 et 2005 ». Alors, là chapeau ! En six ans, le bonhomme, qui des voitures connaît surtout le siège arrière, est devenu Pdg du premier fabricant automobile français ! Parcours phénoménal ? Nullement, simplement celui de tous les premiers de la classe « à la française » : les types surfent sur la plus haute vague, non pas parce qu’ils ont trouvé de nouveaux marchés, inventé quelque chose ou développé une innovation dans leur garage, mais parce qu’à vingt ans, leur compétence scolaire les distinguaient des autres. Le autres, ceux qui étaient « mauvais en classe » se sont peut-être révélé mille fois plus inventifs, audacieux, innovants, mais le premier de la classe, en France, est celui qui trône sur le podium: « À cette date (nous sommes sans doute en 2005), il quitte la direction de Renault, mais en devient le président du conseil d’administration (date d’échéance : 2009) ». La suite est du même tonneau : «Il est ensuite président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE) de 2005 à 2010 ». « Depuis le 3 mai 2011, il est président d’Initiative France, réseau d’associations de prêts d’honneur et d’accompagnement des créateurs d’entreprise ».
A lire un tel parcours, aux antipodes des patrons allemands, suisses, canadiens ou américains qui, eux, pour la plupart sont partie de la base, comme stagiaire ou vendeur (parfois en tant que fils ou fille du propriétaire), on mesure à quel point le grand patron français est fondamentalement un marquis. Un membre d’une caste dominante où, au motif que l’on excelle dans le « travail » scolaire, l’on est propulsé du banc de l’école au rang de général. Aucun n’a connu la joie de monter « sa boîte », l’euphorie du premier contrat, la crainte de l’impayé. De gauche ou de droite, mais ces notions ont-elles un sens ? tous sont d’abord des technocrates plus ou moins inspirés mais qui savent, dès le départ, que strictement rien ne peut leur arriver. Miracle du réseau, jamais, ils ne couleront ! Dans ces conditions, autant éviter d’en rajouter une couche sur le mode : « A moi, on ne me la fait pas ! La création d’entreprises, vous parlez si je connais ! ». Le propos vaut pour Anne Lauvergeon, Louis Gallois, etc. Là est un autre drame français.
[1] AEF Louis Schweitzer : “Le CGI a d’abord plutôt aidé les grandes entreprises, or il n’y a pas que des grands groupes”
Par Julien Jankowiak – Le mercredi 30 avril 2014 – dépêche n°480088
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Posté par Les Gracques - Posté le 2 mai 2014 à 15 h 42 min
Le pire est qu’il croit ce qu’il dit, et qu’il est persuadé avoir créé des entreprises. Il se prend vraiment pour un entrepreneur, comme y croit Anne Lauvergeon et tant d’autres. Parce qu’ils ont un véhicule de fonction et une carte de visite où il est indiqué qu’ils sont Pdg, ils sont persuadés être dans la catégorie des B. Gates, Jobs, Musk, etc.
Posté par D. Sibau - Posté le 5 mai 2014 à 12 h 50 min
Se faire passer pour un créateur d’entreprises quant on a le parcours de Schweitzer est du plus haut comique. Ces bonhommes ne savent grossir que par absorption: ils ne créent rien. Leur sont reroutées les PME qui ont du potentiel et leur valeur ajoutée, en tant que “grand patron” est de signer le chèque de rachat. Le pire est qu’il croit sincèrement être un “créateur d’entreprises” !!!!
Posté par Monsanto - Posté le 5 mai 2014 à 15 h 54 min
A court d’arguments, certains vont vous taxer de populisme. C’est la dernière astuce pour se sortir de l’ornière sans avoir à s’expliquer. Il y a eu la génération qui traitait tout contradicteur de “fasciste”. La nouvelle mode est de traiter tout le monde de “populiste”! Ca vous précipite dans le cul de basse-fosse. Et n’y revenez plus !
Posté par Chatelnox - Posté le 6 mai 2014 à 6 h 52 min
Les bons premiers de classe, comme vous l’écrivez, encombrent tous les états-majors, politique, économique, administratif français. C’est la plaie de la France. En tant que Suisse, je crois comprendre que rien ne viendra changer la donne. Je prédis le pire pour notre voisin français, et nous devons nous en redouter les conséquences. Un voisin qui sombre n’est jamais un cadeau pour l’autre.
Posté par G. Rama - Posté le 12 mai 2014 à 6 h 49 min
Vous vous trompez: il connait l’entreprise comme sa poche. Il a en effet fait un stage ouvrier alors qu’il était étudiant à l’X. Que voulez-vous de plus ? Toujours à chercher la petite bête. Un stage ouvrier en tant qu’élève à Polytechnique est la meilleure démonstration de votre attachement à l’entreprise, la meilleure preuve que vous êtes taillé dans le bois dont on fait les patrons ! Qu’on se le dise.
Posté par G. Lefait - Posté le 13 mai 2014 à 18 h 00 min
Schweitzer, tout comme Lauvergeon dont la Cour des Comptes dénonce l’incurie intéressée, n’a jamais crée une entreprise. Ils ont dirigé des entreprises, reçues clés en mains, dont ils ont élargi le périmètre par simple absorption. Comment peuvent-ils être myopes/arrogants au point de se voir en créateurs d’entreprises ? Ils sont très Français, en somme….
Posté par Fusselier - Posté le 19 mai 2014 à 7 h 27 min
@ G. Lefait. Très juste, ils sont très Français dont arrogants et, pour certains, carrément louches. Ce qui n’est pas le cas de Schweitzer, uniquement très content de lui. Assez myope aussi. En se positionnant comme “créateurs d’entreprise”, il se glisse dans la file des Jobs, Larry Page, Murdoch, etc. Il n’a pas bien compris qu’il n’a occupé ses fonctions que parce qu’il était un bon scolaire, un premier de la classe en effet Ce manque de lucidité est excusable: il est celui de tous les dirigeants français issus des grandes écoles. Ils vivent mal aujourd’hui le fait de n’avoir jamais été que des premiers de la classe. Ca n’épuise pas leur attente de reconnaissance sociale.