Biographie

Présentation

Francois Garcon.jpgDocteur en histoire après des études aux universités de Genève et d'Oxford (St Peter's College), co-lauréat du prix d'histoire Gustave Ador, lauréat d'une bourse Besse (Oxford) et du Fonds National Scientifique suisse, il est maitre de conférences à l'université Paris I où il a créé en 2006 le Master 2 professionnel Cinéma-Télévision-Nouveaux Médias, une formation réputée dans son secteur, classée par l'organisme SMBG cinquième meilleurs masters en France dans le domaine du Management des médias et de l'audiovisuel, et premier établissement public.

 

Il est par ailleurs spécialiste de l'histoire et de l'économie du cinéma. Il a également été chargé de conférences à l'école polytechnique pendant 18 ans dans le département HSS. Il a parallèlement et successivement travaillé à la direction de la prospective du groupe Havas, à Canal+, à Canal+ satellite, à TF1, a lancé en France avec Film Garantie Finance la première société de garantie de bonne fin (actionnaires: IFCIC, Coficiné, Cofiloisirs, Film Finances Ltd, AGF, SCOR) puis, avec Catalina Finances, la première société française de « Gap Financing » dans l'audiovisuel. En 1999, il a été élu à l'université Paris 1. Habilité à diriger les recherches depuis 2007.

 

Président de Démocratie directe pour la France, Vice-président de la Chambre de Commerce Suisse en France (CCSF), président de la Section Ile-de-France.

Travaux

Il s'est fait connaître par ses publications sur les rapports entre le cinéma et l'histoire dans le fil des travaux pionniers de Marc Ferro et Pierre Sorlin, puis pour son travail d'investigation sur le « documentaire » Le Cauchemar de Darwin. Ce film, cher aux altermondialistes, entend montrer un trafic en Tanzanie dans lequel les perches du Nil sont vendues à des acheteurs occidentaux contre des armes. La thèse sous-jacente est que les pays occidentaux pillent les ressources des pays sous-développés, en leur vendant les armes pour s'entretuer. Dans le sillage de ce trafic monstrueux qu'illustrait l'affiche du film fleurissent sida, prostitution, famine, abandons d'enfants, etc. Garçon a démonté les rouages du film et dénoncé les mensonges dans un article paru dans Les Temps Modernes en 2005 puis, suite à la polémique surgie, a approfondi l'enquête dans son ouvrage Enquête sur le cauchemar de Darwin paru en 2006 chez Flammarion.

Il y souligne l'inexistence des trafics évoqués dans le film et repris par le réalisateur au fil des interviews qu'il a données, et qui n'ont servi qu'à appâter le grand public comme l'illustrait l'affiche du film, et la présentation systématiquement orientée des faits, quitte à mentir ou déformer la réalité. Garçon de résumer[1] :

«Ce film est une énorme imposture qui a été fabriquée par quelqu’un qui a beaucoup de talent mais qui reste un imposteur »

Il donne également l'exemple de scènes de ce « documentaire » dans lesquelles des enfants ont manifestement été payés pour jouer des scènes « spontanées », destinées à conforter la thèse du cinéaste. L'historien note également que ce sont les politiques tanzaniens et non les entreprises de pays développés qui ont soutenu l'introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria. Présentée comme un monstre prédateur, la perche est au contraire à l'origine du décollage économique autour du lac Victoria. Se pose aujourd'hui le problème de sa possible disparition.

A rebours de la doxa altermondialiste qui crie au « pillage », il montre que le commerce des produits de la pêche enrichit les habitants de la ville de Mwanza. Au terme d'un procès en diffamation intenté par le réalisateur et portant non sur l'enquête conduite, et ayant donné lieu à l'article paru dans Les Temps Modernes et à la publication d'un ouvrage chez Flammarion, mais sur une interview donnée sur RFI, le tribunal a admis que le trafic d'armes était bel et bien une invention du réalisateur, et qu'autour du lac Victoria rien ne permettait de conclure que la population avait sombré dans la pauvreté du fait de l'industrialisation de la pêche. Sur ces deux points essentiels, François Garçon a apporté les preuves que, selon lui, le film falsifiait bel et bien la réalité. Le tribunal lui a donné raison. On peut donc dire que le réalisateur a, délibérément ou non, falsifié la réalité.

En revanche, François Garçon n'est pas parvenu à prouver que les enfants avaient été manipulés et payés par le réalisateur, contrairement à ce que de nombreux témoins avaient déclaré, et notamment les intéressés, Richard Mgamba et trois enfants des rues retrouvés à Mwanza, dont les témoignages filmés n'ont pas été retenus par la cour. Selon François Garçon, « pendant six mois, si l'on en croit le réalisateur, il a travaillé quasiment en permanence avec des adolescents des rues, sans jamais leur donner autre chose que des biscuits. Je ne m'explique pas ce miracle. J'étais avec eux depuis moins de cinq minutes que tous me demandaient non des Petit Lu, mais des dollars. J'en conclurai donc que ce réalisateur possède un vrai don, celui de faire travailler gratuitement de vrais pauvres! Est-ce là le credo des altermondialistes qui ont massivement plébiscité le film ? ».

A l'occasion du procès, un nouveau concept a fait fureur, celui de "documentaire de création". En d'autres termes, dès l'instant où le documentariste est pris la main dans le sac pour avoir filmé une scène arrangée, pour avoir arraché un interview truqué, pour avoir fait jouer et rejouer des figurants en réalité "castés" pour le tournage d'une scène pré-écrite, l'intéressé, qui s'est bien gardé de révéler ces petits arrangements lors de la sortie de son film, peut se prévaloir d'avoir fait là œuvre de "création". Exit le documentariste, bienvenue au fabricant d'émotions. "Je m'interroge sur ce que pensent les documentaristes, style Wiseman ou Comolli, de voir débarquer dans leur métier un tel magicien ". Le documentariste demandait 60 000 euros en dommages. F. Garçon a été condamné à un euro.

Une pétition de soutien à François Garçon a circulé où figuraient les noms de Marc Ferro, Pierre Sorlin, Pierre-André Taguieff (CNRS), Gian Piero Brunetta (université de Padoue), Daniel Dayan (CNRS/New School of New York), Robert A.Rosenstone (CalTech), William Straw (université Mc Gill), Peter Dahlgren (université de Lund, Suède), Jérôme Bourdon (Université de Tel Aviv), Pascal Ory (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Jean-Louis Comolli (Haute Ecole d'art et de design, Genève), Tadeusz Lubelski (université de Cracovie), Mehmet Ozturk (Université Marmara, Istambul), Andras Kovacs (université Elte, Budapest), Alexandro Kyrtsis (université d'Athènes), Nia Perivolaropoulo (université d'Essen), Sheila Schwarzman (université de Sao Paulo), Vicente Sanchez-Biosca (université de Valence, Espagne), Jarmo Valkola (université d'Helsinki/Tallin), Isabelle Veyrat-Masson (CNRS), Gregori Zabelchanski (Institut culturel, Moscou), Jorge Novoa (UFBA, Salvador), Tanete A. Pong Masak (institut du Film IKJ, Djakarta), Michael Palmer (université Paris 3 Sorbonne Nouvelle), Kristian Feigelson (Université Paris 3), Michèle Lagny (Université Paris 3), Didier Paugy (CNRS).

Ses travaux suivants ont porté sur les ressorts de la prospérité suisse fondée, non comme le veut l'opinion vulgaire, sur l'or des banques helvétiques mais sur le contrôle permanent qu'exerce le souverain sur ses institutions. De ce point de vue, droit d'initiative et référendum populaire sont les deux instruments qui maintiennent Etat et élus sous pression. L'Etat suisse est léger. Il promeut la subsidiarité à chaque niveau décisionnaire (communes, cantons, Etat fédéral) et est surveillé par des électeurs qui n'oublient pas qu'ils sont aussi des contribuables. Contrairement à une autre idée en cour, cette pression du souverain ne débouche pas sur un populisme ravageur. La société suisse parvient à combiner un niveau d'infrastructures hors pairs, notamment dans l'enseignement supérieur, avec un endettement public faible et sous contrôle. La Suisse, que continue de diaboliser tout l'arc politique français, devrait plutôt susciter l'intérêt des gouvernants dans un moment où la question du fédéralisme européen est à l'ordre du jour.

Notes et références

↑ « Le Cauchemar de Darwin, une énorme imposture ? », Afrik.com, [lire en ligne]

Publications

1984, De Blum à Pétain, cinéma et société française 1936-1944, le Cerf, 238 pages, réédition Corlet, 2008, préface de Marc Ferro, ISBN 2204086349
1994, Gaumont : Un siècle de cinéma, Gallimard, traduction américaine chez Abrams
1997, La Guerre du Pacifique, Casterman, traduction italienne chez Giuti
2006, a. Enquête sur le cauchemar de Darwin, Flammarion, 268 pages, ISBN 2082105792.
            b. La distribution cinématographique en France 1907-1957, CNRS Editions, 284 pages, préface Antoine Virenque, ISBN 2271064578
2008, Le modèle suisse, Pourquoi ils s’en sortent beaucoup mieux que les autres , Éditions Perrin, 254 pages, ISBN 2262027951, réédition augmentée,             Tempus, 344 pages, décembre 2010, ISBN 2262034269
2011, Enquête sur la formation des élites, préface Jean-Charles Pomerol, Editions Perrin, 436 pages, janvier 2011, ISBN 9783262030919
2012, Etude sur le recrutement dans le secteur de la production audiovisuelle, ( rapport pour la commission Paritaire Nationale pour l'Emploi et la Formation            de l'Audiovisuel, Talent Sphère, 2012 )
2012, Le dernier verrou, en finir avec le Conseil National des Universités , Éditions The Media Faculty, Essais Docs Société
2014, Formation: l’autre miracle suisse , Universités-Ecoles Polytechniques-HES-apprentissage, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes,             EPFL, Lausanne, 2014, 416 pages, ISBN 978-2-88915-080-9
2015, La Suisse, pays le plus heureux du monde, Tallandier, 2015, 286 pages, ISBN: 979-10-210-0746-8
2015, Gaumont, Depuis que le cinéma existe, Gallimard, 2015, ISBN: 978-2-07-046742-6
2018, La Suisse est-elle un modèle? (dir.), L’Harmattan, 2018, ISBN: 978-2-343-14621-8
2018, Le génie des Suisses, Tallandier, 2018, 588 pages, ISBN: 979-10-210-2694-0
2021, France, Démocratie défaillante, L’Artilleur/Le Toucan, 2021, 435 pages, ISBN: 978-2-8100-1027-1