L’ambiance monte contre l’évaluation

Publié le : 9 juin 2012 -

Le plus sérieusement du monde, des enseignants-chercheurs que l’on imagine nombreux tant ils sont bruyant sur les intranets des universités, appellent à la mobilisation contre l’évaluation. Dans notre secteur, qui se doit d’être sanctuarisé, l’évaluation serait une atteinte à la liberté individuelle et dénoterait une intoxication néo-libérale infectant aujourd’hui jusqu’à l’enseignement supérieur.

A la juste bataille contre cette insupportable intrusion marchande dans l’université s’est ajouté récemment un autre argument, teinté d’un étrange pigment: celui du coût de la machinerie que requiert l’évaluation, opération ciblant quelque 70 000 enseignants-chercheurs. Voilà les réfractaires se souciant désormais de faire faire des économies dans le budget du ministère de l’Enseignement supérieur. Dans cette histoire, rien, décidément, ne nous aura été épargné. Le mouvement prend même des allures de jacqueries, chacun brandissant ses arguments pour bouter hors des campus les collègues évaluateurs qui oseront s’y montrer. Le CNU, au moins les sections qui ressortissent des SHS, appellent donc au boycott.

Répétons que le précédent gouvernement s’y est très mal pris en mélangeant artichauts et haricots: la recherche et l’enseignement. Qui ne publie pas, autrement dit est affecté d’une recherche stérile, se verra charger de cours supplémentaires. Définitivement,la fameuse “modulation de services” telle que la décrit la loi est une imbécillité. Il faut la supprimer et s’inspirer de ce qui se fait au Canada, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis: non pas alourdir la charge d’enseignement des agents stériles de l’enseignement supérieur, mais récompenser les chercheurs fertiles. Alors que tous braillent être mal payés, par comparaison avec ce que reçoivent leurs collègues en Suisse ( entre 3 et 4 fois plus), en Grande-Bretagne (entre 2 et 2,5 fois plus), en quoi le fait de recevoir des primes de publications brimerait-il ceux qui n’en reçoivent pas au simple motif qu’ils ne publient rien? La passion de l’égalité touche là à la pure irrationalité. Tant qu’à faire, il faut dès lors supprimer TOUTES les  primes, y compris les PES que les mêmes, souvent, bataillent pour empocher.

Quiconque a enquêté en Grande-Bretagne, en Hollande ou en Suisse auprès des professeurs de l’enseignement supérieur a pu mesurer combien l’évaluation était au centre de leurs préoccupations, non pas tant comme matraque ou menace mais comme outil au service des intéressés. Personne, à ma connaissance, n’a jamais fait l’objet dans ces  pays d’une sanction au motif qu’il était non-publiant. Simplement, l’institution qui le paye a non seulement le droit mais le devoir de s’interroger sur la stérilité de l’intéressé et, pourquoi pas, peut souhaiter lui venir en aide. A n’envisager l’évaluation que comme variante de l’emprise policière sur l’université, ses adversaires trahissent avant tout leur obsession complotiste, qui relève du délire paranoïaque.

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