La grande misère de nos ministres
Publié le : 18 avril 2013 - Mot Clés : Cour des comptes, ENA, Parlement européen, salaireNos ministres sont misérables ! A destination des Français, l’opération « mains-propres» visait à leur montrer que les ministres étaient transparents quant à leur fortune. Elle a surtout montré au monde à quel point nos ministres étaient pauvres. Ignorons les seconds couteaux, jeunes, femmes, vertes, qui débutent. L’avenir leur appartient, et ils/elles se constitueront un patrimoine. Mais inquiétons-nous surtout du ministre de l’Economie et des finances, Pierre Moscovici. Le ministre a déclaré un patrimoine de 200 000 euros soit, selon les barèmes immobiliers parisiens, à peine un 15M2 dans les abords immédiats du Palais Bourbon. Si l’homme avait consacré sa vie à l’interprétation des textes bibliques, un tel bilan patrimonial serait dans l’ordre des choses. Mais tel n’est pas le cas. A 56 ans, Pierre Moscovici a été député européen, vice-président du Parlement européen, président de la communauté d’agglomération du pays de Montbéliard, conseiller maître à la Cour des comptes. Bref, cet homme brillant s’est pleinement impliqué dans toutes sortes d’activités, à des postes où il a exercé de lourdes responsabilités, toujours de plain-pied avec son siècle.
Stupeur ! Voilà que nous découvrons que Pierre Moscovici est pauvre. Il l’est d’abord en regard du patrimoine moyen des Français. Il l’est surtout désormais dans les yeux de ses homologues allemands, britanniques, américains, chinois. Quand il s’applique à leur prouver la justesse de la politique française qu’il a charge de mettre en musique, Pierre Moscovici peut-il dès lors être convaincant ? Ses interlocuteurs, qui se voient généralement remettre par leurs services une fiche cuisine sur chacun de leurs homologues, ne lisent-ils pas d’abord ce qui s’inscrit sur le front de Pierre Moscovici: « Homme sans un rond ». Dès lors, de quelle autorité le ministre français peut-il se prévaloir ? Il n’est pas question de n’envoyer que des Bernard Tapie ou des Bernard Arnault défendre les intérêts des Français. Sans doute les intéressés ne le souhaitent-ils pas. Mais de là à mettre en première ligne un homme qui, ses interlocuteurs le savent désormais, est incapable de s’acheter une studette aux alentours du Palais Bourbon ! Dans les affaires, publiques ou privées, la crédibilité de la personne est aussi fonction de sa réussite personnelle qui s’exprime, d’abord, par les ressources qu’elle a acquises et qu’elle est capable de drainer. Ainsi suffit-il de faire deux conférences à Peer Steinbrück, ancien ministre des finances allemand, pour encaisser l’équivalent du patrimoine que Pierre Moscovici a mis 31 ans à amasser! Problématique d’enrichissement personnel à laquelle échappent le pasteur, le rabbin ou le moine. Mais Pierre Moscovici est ministre de la 6ème puissance mondiale.
Autre problème que soulève la quasi inexistence de patrimoine déclaré de Pierre Moscovici : après une carrière de trente ans comme haut fonctionnaire français, fonctionnaire européen, avec un niveau de rémunération himalayen en regard du salaire médian des fonctionnaires français par exemple, avec des capacités d’emprunt dont aucun contribuable ne peut seulement rêver, comment se fait-il que le ministre de l’Economie et des finances se retrouve à presque 60 ans à peine en mesure de s’acheter un studio riquiqui dans le Marais ? La question n’est pas anodine. Qu’a-t-il donc fait de ce qu’il a perçu entre 1982, année de son entrée à l’ENA, et 2013, soit pendant 31 ans ? Disposerait-il d’un patrimoine conséquent que la question ne se poserait pas. Après tout, la constitution d’un patrimoine est dans l’ADN de tous. Ainsi Mélenchon a-t-il acheté une maison à Lombreuil dans le Loiret, et nul ne le lui reproche ! Mais que s’est-il passé qui conduit Moscovici à ne posséder rien du tout, sinon un peu d’épargne liquide ? Dons massifs et réguliers à des organisations caritatives ou bien, plus grave, successions de mauvais placements ? A-t-il été victimes de rusés Madoff ? Même si les questions d’économie domestique s’emboîtent mal dans la macroéconomie, est-il ainsi sain que l’économie et les finances de la France soit entre les mains d’une personne qui présente un bilan aussi terne pour ce qui le concerne ?
Dernière hypothèse : le ministre socialiste de l’Economie et des finances a, de son vivant, donné le ou les biens immobiliers qu’il possédait à son entourage. Il aurait ainsi pratiqué l’optimisation fiscale, ce qui est légal mais peu probable pour un socialiste convaincu, un keynesien partisan de l’impôt redistributif, sorti des rangs de la Ligue communiste révolutionnaire.
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Posté par Monsanto - Posté le 18 avril 2013 à 13 h 04 min
Je vous soupçonne faussement naïf: le scénario final est le bon. Mosco a dû probablement faire une donation de son vivant à ses rejetons. Du coup, le voilà sans bien immobilier et le Trésor public sera floué lors de son décès. Ses gamins n’auront pas d’impôt sur la succession à payer, au moins pour ce qui touche à son patrimoine immobilier.
Oser annoncer 200 000 euros de patrimoine sans aucune explication et qu’aucun journaliste ne se rue sur cette information pour exiger des éclaircissements en dit long sur l’absence de tout sens critique, bon sens de nos journalistes.
Posté par Fusselier - Posté le 18 avril 2013 à 13 h 14 min
Très amusant. Je n’avais pas réagi comme vous, en apprenant cette surprenante nouvelle en effet. Trop pauvre pour être vrai, trop pauvre pour être honnête, trop pauvre pour être vraiment socialiste. Nous avons quitté la France et nous glissons vers l’Italie. Une différence de taille cependant: en Italie, les élus et les ministres sont des gredins qui se revendiquent comme tels. En France,nous avons des gredins qui ont la morale facile.
Posté par Beau Parleur - Posté le 18 avril 2013 à 18 h 06 min
Soldat Garçon, vous aurez droit à un contrôle fiscal pour prix de votre insolence !
Posté par Arturo - Posté le 19 avril 2013 à 6 h 49 min
Tous sont dans son cas. Quand une ministre déclare 3 maisons, ca veut tout simplement dire qu’elle n’a pas eu d’enfants. Cette transparence n’a donc aucun intérêt. La vraie enquête est de savoir ce qui a été amassé au cours d’une vie de fonctionnaire. Inversement, la fortune de Cahuzac n’a rien d’anormale.
Posté par Blaise martinez - Posté le 19 avril 2013 à 8 h 28 min
Si je comprends bien, soit le Ministre des finances a les poches percées, ce qui n’est pas bien rassurant vu sa fonction, soit il fait de l’optimisation fiscale… “Faîtes ce que je dis, pas ce que je fais…” n’est pas un crime, mais quand même. Quand le Premier Ministre s’en prend publiquement à Depardieu qui fait la même chose, quand son parti se pose en chantre de la solidarité, la moindre des choses, c’est quand même d’accepter de financer à plein l’Etat providence qu’on prétend vouloir sauver, particulièrement quand on a vécu toute sa vie d’argent public.
J’espère qu’un vrai travail d’enquête pourra être fait, allant au delà des articles jalousant la fortunes des uns ou des autres…
Posté par BMX13 - Posté le 19 avril 2013 à 11 h 43 min
Dans le même esprit, lire l’excellent article de Vittori dans les Echos du 19/20 avril: “Les ministres, des épargnants à la fois normaux et bizarres”. Quasiment aucun ne détient d’actifs financiers, tous ont de la pierre. Tous ont une vraie mentalité de rentier. Tous sont fonctionnaires.
Posté par Ciceron - Posté le 19 avril 2013 à 14 h 22 min
@BMX13: je ne vois pas le rapport entre acheter de la pierre et avoir une mentalité de rentier. Je n’en rajouterai pas en vous demandant pourquoi vous critiquez les fonctionnaires en les assimilant à des rentiers, à moins que vous ne considériez les fonctionnaires comme totalement inactifs, ce que sont les rentiers.
Posté par Chatelnox - Posté le 22 avril 2013 à 6 h 58 min
Bien vu, mais j’ai lu qu’il possède un deux pièces à Montbeliard. C’est malgré tout parmi les plus pauvres du gouvernement en effet. The Economist ironise sur Dufflot, militante verte, qui possède deux voitures. Aucune n’est électrique.
Posté par D. Sibau - Posté le 23 avril 2013 à 18 h 36 min
Style à mourir de rire! Et vous avez raison sur toute la ligne. Le type s’est débarrassé de tous ses biens en prévision du matraquage fiscal que lui et les siens pratiquent aujourd’hui. Un tel cynisme fait peur. Sans doute ne devait-il pas imaginer devoir publier leur patrimoine. Je note avec regret qu’aucun journaliste n’évoque votre thèse. Moutonnier et perroquet: définitions du journaliste français.
Posté par Tamerlan - Posté le 6 mai 2013 à 17 h 49 min
Menthon et Routier dans Challenges en rajoutent une couche sur cette pauvreté du ministre: ” La modestie du patrimoine de Pierre Moscovici fait sourire” L’homme au panier percé ne serait pas forcément très crédible en effet. A lire, donc.