Evaluation, vous avez dit évaluation ? Mieux vaut en rire… | François Garçon, site officiel

Sans rire et à l’attention d’un jeune enseignant-chercheur, narquois semble-t-il, une collègue de mon établissement (Paris 1 Panthéon-Sorbonne) dressait dernièrement la liste qu’elle voulait impressionnante des évaluations dont nous, enseignants-chercheurs, sommes l’objet.

Je cite:

LISTE DES ÉVALUATIONS ACTUELLEMENT PRATIQUÉES À L’UNIVERSITÉ
Soutenance de thèse
Qualification au CNU (MCF)
Auditions devant les comités de sélection
Auditions auprès de centres de recherches
Rapports d’activité quadriennaux pour les laboratoires
Dossiers pour un CRCT
Dossier pour la promotion
Soutenance d’HDR
Qualification au CNU (PU)
Auditions devant les comités de sélection
En interne, évaluation implicite des étudiants, nombre de candidats
admis au Capes et à l’agrégation pour les préparateurs des   concours,  etc.
(les collègues compléteront)
En externe, évaluations des comités de lecture des revues,
appréciations des éditeurs, évaluations des organisateurs de
manifestations, réactions des auditeurs dans les colloques et dans   les
journées d’étude, etc. (les collègues compléteront)
Le métier d’universitaire est, de loin, le plus évalué des métiers   du
début à la fin de la carrière. On peut donc se demander   légitimement
pourquoi il faudrait ajouter une évaluation   supplémentaire qui sera
coûteuse et chronophage, sinon pour   augmenter les services des
enseignants comme prévu au décret sur le   statut des EC d’avril 2009.
Bien cordialement,

A quoi, je me permettais d’objecter:

Quid en effet de celui ou de celle qui:
– ne fait soutenir aucune thèse (tout au long de sa carrière) ?
– ne participe pas aux auditions devant les comités de sélection? (tout au long de sa carrière)
– ne participe pas aux auditions auprès des centres de recherche ? (tout au long de sa carrière)
– se contente de “boucler” en effet un rapport tous les 4 ans pour les laboratoires?
– ne remplit aucun dossier CRCT ?(tout au long de sa carrière)
– ne remplit aucun dossier pour sa promotion ?(tout au long de sa carrière)
– n’a pas fait d’HDR et n’en fera jamais
– ne soumet aucun dossier au CNU (PRU)?
– Ne fait aucune audition devant les comités de séléction? (tout au long de sa carrière)
Et qui, au début de cet épuisant parcours, s’est contenté d’envoyer son dossier à un CNU dont l’expertise est problématique ?
Oui, quid de cet individu? Statistiquement, êtes-vous certain avant de me répondre, qu’il est négligeable? Et s’il est négligeable, statistiquement, merci de me préciser sur quoi vous fondez votre affirmation.
Cordialement

Réponse de mon interlocutrice
Je raisonne en MCF pour la liste des évaluations, et je comprends qu’elle devrait être allongée de toutes les taches-évaluations des professeurs. Pour le reste, je ne vois autour de moi que des gens qui travaillent beaucoup à l’université, je dirai même qui travaillent trop dans le cas des professeurs.
Bien cordialement,

Ce à quoi, je lui réponds:

Vous ne répondez pas à ma question: quid de ceux que vous ne “voyez pas” et qui, “autour de vous, ne font rien, hormis leur enseignement, comme le font les milliers de profs dans les CPGE, qui ne sont pas des “chercheurs” et qui ne se revendiquent que rarement comme tels. Quant aux profs qui  “travaillent trop”, se pourraient-ils qu’ils regrettent l’heureux temps où ils étaient MCF, comme moi qui, à vous comprendre, travaillerais moins qu’un prof?
Cordialement

François Garçon