Pas de panique, rien ne changera!

Publié le : 28 février 2013 -

Ils y ont cru. On leur avait promis que tout allait revenir comme avant, aux fastueuses années d’avant Pécresse, la diablesse à qui l’on devait, entre autres véroles, l’autonomie des universités et l’AERES. Pour cette HEC, auteur de ces maudites réformes, l’enseignement supérieur français coulait alors doucement, comme l’illustraient les classements internationaux. Comme si ces palmarès bâtis sur des critères tels que les publications et leur impact (Shanghai) ou le jugement des pairs (QS) pouvaient ne serait-ce que prétendre mesurer la sophistication de la science française ! Comme si ces thermomètres, usinés dans les ateliers de l’hyperlibéralisme chinois, hollandais ou britannique, pouvaient seulement comprendre ce qu’est l’enseignement supérieur français, sa sophistication extrême qui font que cohabitent des classes préparatoires aux grandes écoles où l’on candidate avant même d’avoir passé son bac et des universités livrées aux grévistes. Comme si nos grandes écoles, « que le monde entier nous envie » et qui ne font guère de recherches voire aucune, pouvaient entrer dans la moulinette de classificateurs ne parlant même pas notre langue !

François Hollande a sonné la fin de l’hiver polaire néolibéral : voilà qu’allaient de nouveau fleurir la raison, l’équité, l’excellence. S’en était fini de l’AERES, de l’autonomie des universités, du sans-gêne de ces entreprises privées fourrant leur nez dans le fonctionnement des établissements supérieurs. Une collègue de Paris 1, groupie de François Hollande, l’avait interpellé lors de la campagne présidentielle. « Ne nous oubliez pas ! », lui avait-elle lancé ! Lui, impérial mais humain, s’était fendu d’un : « Je ne vous oublierez pas, vous pouvez compter sur moi ! » Sans craindre le ridicule, cette collègue s’était répandue sur l’intranet de Paris 1 (1300 enseignants-chercheurs) en évoquant les larmes embrumant son regard à l’écoute de cette promesse de campagne lui rappelant mai 1968…(anecdote authentique !)

Les mois ont passé. Aucune des promesses du candidat Hollande n’a été tenue et probablement aucune ne le sera vraiment. L’AERES sera simplement remplacée par un truc équivalent, affublé d’un autre nom. Ainsi, par milliers, les dévots du hollandisme commencent-ils à réaliser qu’ils sont cocus et découvrent, souvent à un âge avancé et alors qu’ils ont vocation à aiguiser l’esprit critique chez leurs étudiants, que le père Noël n’existe pas. Double déconvenue donc. Car il ne se passera rien et les choses iront en empirant. La seule certitude pour l’instant et qui devrait rassurer ce secteur d’activités saturé de rebelles-révolutionnaires, tous cependant férocement ancrés à leur statut de fonctionnaire, c’est que rien ne change car il n’y a rien à changer : ce que Pécresse avait commencé à faire (concurrence et autonomie des établissements, priorité accordée aux universités, évaluation) aurait du l’être voilà trente ans. Trente ans de lâcheté, de démagogie, de délire qui voudrait que ce qui fonctionne à l’étranger, les Français n’en ont cure car, parce que Français, ils détiendraient la martingale gagnante. Autisme, vanité et provincialisme : tel est le trépied de l’enseignement supérieur français. Avec pareils handicaps, peu de chance en effet de monter sur le podium.

Dans les mauvais spectacles vivants, les spectateurs mécontents crient « Remboursez ! » Avec François Hollande, l’opération s’annonce complexe pour les déçus.

Vos avis et commentaires

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Posté par PR38 - Posté le 28 février 2013 à 9 h 24 min

Je ne suis pas certain que “rien ne changera”. Ce qui risque de se passer est l’avilissement de l’université transformée en vulgaire baguette magique et placée dans les mains des élus locaux. L’université française, pour n’avoir pas évolué au cours du dernier 1/2 siècle en raison de ses blocages internes et de la résistance de ses membres, s’apprête à devenir un gros IUT. Le problème, c’est qu’il n’y a plus d’industries dans le pays. Bref, pour n’avoir pas su évoluer de manière pragmatique, pour s’être opposée à toutes les réformes au nom d’idéaux hérités du 19ème siècle, l’université française s’apprête à entendre son oraison funèbre. Triste fin, mais méritée. Unique problème: les responsables de ce désastre sont tous tranquillement à la retraite, les jeunes se coltinent leur héritage, si l’on peut parler d’héritage…

Posté par P. Martinez - Posté le 28 février 2013 à 12 h 11 min

Pauvre Pécresse, pauvre Fioraso. La première s’est coltinée des universitaires qui la méprisaient et qui vivaient tous ou presque dans la naphtaline, la seconde se coltine des syndicalistes qui, comme vous l’écrivez bien, ont cru au Père Noël et y croient encore. Je suis d’accord avec vous, l’avenir est sombre. Les grandes écoles, qui s’imaginent pouvoir s’en tirer, sombreront aussi.

Posté par Beau Parleur - Posté le 28 février 2013 à 14 h 43 min

Je vous lis et je me demande si vous jubilez au spectacle de notre déchéance, ou si vous croyez que les choses peuvent encore changer dans le bon sens. Style un peu glaçant, mais vu votre âge vous ne risquez plus grand chose. En tout cas, ne vous attendez à aucun cadeau de vos pairs.

Posté par Polux & castor - Posté le 1 mars 2013 à 9 h 29 min

Le nom de l’idiote qui pleurnichait sur l’intranet de votre université svp. Je souhaiterais la contacter, car elle doit être en grande détresse. Mon Dieu, que d’imbéciles dans l’université française !

Posté par Astérix halluciné - Posté le 25 mars 2013 à 12 h 33 min

Que pensez-vous de la déclaration de ce jour de la CPU, se félicitant de la création de 5000 postes de chercheurs?

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