Le soldat Chauvin monte en ligne contre le classement de Shanghai

 

A peine publié, le nouveau classement de Shanghai a fait sortir le soldat Nicolas Chauvin du tombeau où, selon la légende, il repose. Première en ligne, la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur qui, dans un geste devenu banal depuis 2003, soit depuis dix ans maintenant, a balayé le palmarès chinois. Ce qui est bon pour les Chinois et, accessoirement, pour le reste du globe ne convient pas à la France. « Il ne faut pas faire dire n’importe quoi à ce classement ». Conséquemment, le pays du Concorde et du plan calcul aura son propre classement. Le classement « multicritères », puisqu’il s’agit de lui, est bien le marronnier du ministère de l’Enseignement supérieur, sans égard pour la couleur des équipes qui sont manettes. Redoutez, sympathiques officiants, que le classement multicritères que vous cuisinez depuis bientôt quatre ans, soit pire que ceux sortis des ateliers chinois ou de ceux du Times Higher Education.

Et maintenant, par pitié, cessez de brandir l’argument qui voudrait que plus une université (ou un établissement) est déclassée au plan de la recherche scientifique, meilleurs seraient les enseignements qui y sont donnés, meilleure la pédagogie,  meilleure l’employabilité des diplômés. Croyez-vous vraiment que les 82 universités françaises qui ne figurent pas dans le top 100 du classement de Shanghai usinent des jeunes que s’arrachent les entreprises au moment où ils sont diplômés ? Croyez-vous vraiment que dans nos établissements supérieurs, nous biberonnons davantage nos étudiants bachelors que ne le font nos collègues suisses ou britanniques avec, pour ces derniers, de lourdes obligations de réception dans leur bureau chaque semaine ? Combien de collègues, en France, n’ont ni ce type d’obligation, ni bureau ? Croyez-vous sans rire que le porteur d’un master d’Imperial College, de l’EPFL ou du MIT galère davantage dans la quête d’un job que celui ayant un master de l’université de Nice ou de Toulon (no offense), établissements que le classement de Shanghai semble avoir oublié ? Les « grandes écoles » ne devraient guère trop ricaner non plus. Mais au moins restent-elles sur leur pente naturelle : pour la quasi totalité d’entre elles, elles manufacturent des cadres. Ulm est l’exception, très piteuse au demeurant.

Pour revenir au soldat Chauvin, il convient de préciser que les emportements cocardiers du malheureux étaient sinon justifiés du moins compréhensibles : à Chauvin, il manquait un gros bout de cerveau, emporté par un obus sur un champ de batailles. Nos élites patriotardes n’ont pas même cette excuse, sauf à présenter un certificat médical. Nous l’attendons donc avant de leur pardonner pour avoir dit, une nouvelle fois, n’importe quoi.

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