Humboldt a bon dos !

Publié le : 29 juin 2012 -

Que ne cesse-t-on de nous casser les oreilles, en France, avec le modèle humboldtien. Au XIXème siècle, la Prusse inventait l’université moderne, associant enseignement et recherche et permettant à ses professeurs tout comme à ses étudiants de penser comme bon leur semblait. Enfin, sur le papier. Dans les faits, ça se passait moins fluidement, l’époque ne le permettant pas toujours. Depuis 5 ans maintenant, à cause de la LRU, ce modèle parfait dans lequel s’ébattaient en France et jusqu’alors les enseignants-chercheurs serait remis en cause. Les professeurs ont vu leurs libertés menacées et le pouvoir néo-libéral s’ingérer dans un monde parfait.

Cette vision moderne de l’apocalypse est une vaste rigolade, bien entendu. D’abord, un grand nombre parmi ceux qui brandissent l’héritage humboldtien sont des imposteurs. Ils enseignent mais, contrairement à ce que revendiquait Humboldt pour les universitaires, ne font aucune recherche : ils ne publient rien, sinon, au mieux, quelques élucubrations sur la politique gouvernementale ou d’un massif conformisme sur la méchante entreprise privée ou le vilain marché qu’aucune revue à comité de lecture ou éditeurs sérieux ne proposerait tant ils sont le plagiat pédant de ce qui s’entend à toutes les terrasses de bistro. Dès lors de quel droit ces « mutins de Panurge » se réclament-ils de Humboldt ? Dès lors, qu’est-ce-qui distingue ces universitaires des PRAG et PRCE qui, si je ne me trompe, n’ont pas eux d’obligations de recherche ? Renversons le problème. Considérant en effet que beaucoup parmi ces PRAG et ces PRCE publient, pourquoi ne pas envisager un transvasement ? Les enseignants-chercheurs hibernant dans nos 85 universités et non publiants rejoindraient les PRAG et PRCE qui, du coup, les remplaceraient ? Proposition sacrilège ? J’attends alors que l’on m’explique pourquoi ? Selon quels critères s’agit-il d’un sacrilège ? Au nom des droits acquis, du statut, bref du corporatisme le plus crasse ? Que voilà des arguments scientifiques bien convaincants ! Quitte à s’en prendre à la politique menée par le ministère de l’Enseignement supérieur que Valérie Pécresse avait sorti de la naphtaline, autant savoir de quoi on parle. Et pour savoir de quoi on parle, pour critiquer, proposer, la recette est connue. Elle s’appelle le benchmarking, autrement dit aller voir ailleurs ce qui marche et s’en inspirer. Qui, parmi les milliers d’adversaires de la LRU et du principe d’autonomie des établissements, a été physiquement dans les universités étrangères ou, version moins coûteuse, s’est intéressé à leur fonctionnement, à leur politique, d’évaluation notamment ? Combien et qui parmi ces vociférants qui nous prédisent des grèves à la rentrée savent vraiment comment fonctionnent les hautes écoles universitaires en Suisse, les universités anglaises du Russell Group ? Oui, qui ?

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