Du recrutement à l’évaluation, les vices français

Publié le : 5 juin 2012 - Mot Clés : , , , , ,

D’une manière générale, le recrutement dans l’enseignement supérieur français est bâclé. A quelques exceptions, comme à l’IEP ou la Toulouse School of Economics, les professeurs pressentis ne donnent pas de leçon publique devant les étudiants de l’établissement, ni n’animent un séminaire de recherche devant leurs collègues et les étudiants de l’école doctorale dont ils pourraient dépendre, ni ne sont encore invités à rester un jour sur le campus où leur sont présentés tous les membres du département dont ils font alors connaissance. Ni, évidemment, ne leur sont remboursés leurs frais de déplacement ou d’hébergement. Le recrutement, pardon l’élection d’un pair, se concocte ici en une poignée de minutes (entre 20 et 35 mn). Les candidats, en nombre souvent pléthoriques, font la queue dans le couloir, découvrant à l’occasion que bons copains, ils sont là en concurrence. Bref, de cette colonne de distillation ne sort généralement que du mauvais vinaigre, même si les individus peuvent être de qualité. Tout est fait pour vicier la mécanique, introduire un mauvais esprit dans un processus qui déterminera l’ambiance confraternelle ou inamicale pendant quelques dizaines d’années. Le recrutement batard “à la française”, que nul n’ignore, implique copinage et délits d’initiés. Voilà pourquoi l’évaluation dont il est question dans la LRU est si combattue. Les opposants redoutent qu’après un recrutement dont ils ont pu mesurer la corruption, l’évaluation soit de même farine. A leur décharge, le fait qu’on ait pu imaginer des “notes-sanctions” aux enseignants-chercheurs non publiants, prouve que les partisans de l’évaluation, qui est absolument nécessaire, n’ont pas étudié comment celle-ci se pratiquait en Suisse, en Grande-Bretagne, au Canada, bref, ailleurs. Une nouvelle fois, les brillants cerveaux français, provinciaux en diable, ont cru bon d’imaginer, d’inventer. Et leur invention, i.e. noter des professeurs du supérieur comme peuvent l’être des canassons dans Paris Turf, ne déplairait pas au docteur Mabuse.

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Posté par Jesse Pinkman - Posté le 11 septembre 2012 à 12 h 50 min

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